LE CHATEAU
En dépit de recherches poussées, il n'a pas été possible de trouver la date de construction du château. Ses caves voûtées, d'après certains experts, dateraient du XIII ème siècle ; dans l'une d'elle on peut voir encore les grilles du cachot utilisé par les seigneurs de St Illiers-le-Bois, qui avaient droit de "basse justice".
Cependant un aveu de 1472 mentionne le "manoir seigneurial" et le bornage de la propriété, cité notamment dans des aveux de 1567 et 1653, indique avec certitude qu'il s'agit bien du château actuel ; d'ailleurs la plupart de ces actes précisent que le manoir est entouré de "fossé à mettre poissons" (parfois appelé douves), dont il subsiste actuellement une partie ainsi qu'un petit pont à deux arches, le reste ayant été comblé au début du XIX ème siècle.
Des sondages entrepris en 1965 ont permis de trouver une bonne partie de ces fossés ainsi que les restes d'un autre petit pont donnant accès au perron du manoir. Ceci conduit à penser qu'il existait déjà à la fin du XV ème siècle ; son aspect a été modifié au cours des siècles et on a pu constater que des remaniements importants avaient été effectués dans la deuxième partie du XVI ème siècle, sans doute pour rendre plus aimable une demeure dont l'austérité ne s'accordait plus avec le goût de cette époque. D'autres remaniements réalisés d'abord au XVIII ème siècle - adjonction d'une grande cage d'escalier en avant corps sur la façade Nord-Est -, puis au début du XIX siècle - construction de deux ailes en rez-de-chaussée et recouvrement des façades par un enduit de plâtre -, modifièrent encore son aspect.
Son propriétaire actuel, conseillé par les architectes des Monuments historiques, se proposa de restituer aux façades le visage qu'elles avaient à l'époque où elles subirent la plus importante transformation, c'est-à-dire sous le règne d'Henri IV, tout en laissant subsister certains apports des siècles suivants dans la mesure où ils ne troublaient pas l'unité de la façade principale.
C'est ainsi que l'appareil de pierre des ouvertures et les harpes en pignons, mis à jour par les travaux, furent réparés et reconstitués dans leur forme primitive ; un enduit de "tuileau" de teinte rose orangé, identique à celui qui avait existé autrefois, recouvrit à nouveau les murs.
A l'intérieur, la destruction des apports fâcheux du XIX ème siècle permit de faire réapparaître les éléments de l'ancien décor des pièces d'habitation, par exemple les plafonds "à la française", aux poutres et solives apparentes ; les foyers des cheminées furent rétablis dans leur style d'origine et dans l'un deux on retrouvera des plaques d'âtre portant les initiales de la famille Bernage : elles avaient été masquées lors de la Révolution en application d'une ordonnance du 18 Vendémiaire An II prescrivant la destruction des objets portant des emblèmes royaux.
L'EGLISE
L'église de la Saint Trinité début 16 ème est très simple ; elle est entourée par le cimetière.
Certains pensent qu'elle a une origine romane à cause de son abside semi-circulaire, mais elle a été remaniée au 17 ème puis au 19 ème siècle.
Des documents, se trouvant aux Archives de l'Eure permettent de reconstituer la liste des Curés depuis la fin du 15 ème siècle.
Un petit clocher carré surmonte le toit de la nef au pignon occidental, contreforts étayant l'abside semi-circulaire, plan cruciforme avec transept court, une voûte soutenue par des poinçons et tirants 16 ème, un choeur semi-circulaire.
Les murs et le choeur sont surmontés d'une sablière en bois sculpté début du 16 ème.
Près de l'autel on peut voir, à gauche une statut de Saint Nicolas symétriquement, une statut d'évêque.
Dans la chapelle latérale une châsse conserve les reliques de Sainte Clémence.
Grâce à son église de la Sainte Trinité, Saint-Illiers-le-Bois était connue à Rome. Innocent XII avait offert en 1693, le corps extrait des catacombes, de Sainte Clémence matyre romaine, au cardinal d'Estrées, Ambassadeur de Versailles à Rome.
Les vitraux sont relativement récents : l'un représente l'Annonciation, l'autre la fuite en Egypte.
La cloche actuelle, qui a été fondue au début du 19 ème, porte l'inscription suivante "L'an 1823 j'ai été bénie par M Gorge, curé de Bréval desservant Saint-Illiers-le-Bois et nommée Clémence Félicité par M Jean-Charles François Phélippon et dame Félicité de Pile en présence de Maître Etienne Charles François Phélippon, maire de cette commune, président du Conseil de Fabrique de l'église ; de François Coulbeaux, adjoint, François Chartier, François Laurent, Nicolas Bétille, membres du dit Conseil de Fabrique Limaux et Mahuet fondeurs"
Dans le cimetière, se trouvent les tombes des familles Phélippon et Fruchard qui possédèrnt le château de 1799 à 1903.
LE PARC
D'une superficie de cinq hectares, avait été transformé vers 1850 en parc romantique par l'un des célèbres architectes de l'époque, Barillet-Deschamps, auteur des plans du Bois de Boulogne.
Comme il ne pouvait être question de sacrifier des arbres centenaires pour rétablir les jardins de tracé régulier figurant sur un plan ancien, l'éminent architecte paysagiste Ferdinand Duprat dessina en 1964 des parterres très simples en harmonie avec la façade du manoir, faisant en premier plan une harmonieuse transition avec le parc romantique.